relecture ou post-édition

Commande de relecture : et si c’était une post-édition ?

Il arrive parfois que certains clients avec qui je travaille moins souvent me demandent une relecture, payée au tarif relecture, alors qu’il s’agit en réalité d’une post-édition. Ainsi, les coûts pour l’agence sont diminués de moitié.

Bien que malhonnête, cette pratique a tendance à se développer ces derniers temps, avec le succès de la traduction automatique neuronale et la montée en puissance de la qualité de la traduction machine.

En effet, il devient de plus en plus complexe de déceler une traduction automatique d’une traduction humaine dans le domaine de la traduction documentaire voire éditoriale.

Reste qu’à mon sens, le travail d’une relecture humaine ne doit pas être payé au même tarif qu’une post-édition. Les traducteurs appliquent des grilles tarifaires, et il est normal qu’on les respecte.

Et quand on nous demande à nous traducteurs, de relire une traduction, nous nous attendons à relire le travail d’un confrère, même si celui-ci s’est aidé ou a utilisé un logiciel de traduction automatique pour l’exécuter.

Dans le cas contraire, il y a tromperie, et c’est surtout cela qui me gêne. Car cet article ne remet en aucun cas en cause la légitimité de la traduction automatique.

Aujourd’hui, je vais vous détailler les indices qui peuvent indiquer que vous êtes en train de relire une traduction automatique et non humaine.

La capitalisation des titres

Je vous l’expliquais dans mon précédent Conseil Lexico, en anglais, les mots figurant dans les titres sont capitalisés. Or, ce n’est pas le cas en français. Et bien souvent, la machine a du mal à gérer cette difficulté linguistique. Prudence donc quand vous voyez des titres en français ayant des majuscules.

Une terminologie client grossièrement non respectée

La machine translation gère pour le moment assez mal les références terminologiques. Autrement dit, dans un projet de traduction, vous avez une base terminologique à respecter, mais la machine n’y arrive pas. Seul l’humain peut respecter une base terminologique (enfin à ma connaissance et selon l’expérience que j’en ai). Alors, quand des termes qui reviennent souvent et qui sont pourtant assez simples à respecter par un traducteur humain ne sont jamais suivis, c’est le signe que c’est la machine qui a traduit, et non un collègue.

Des tournures littérales

C’est assez logique, mais si le texte à relire contient de nombreuses traductions littérales, alors méfiez-vous. C’est aussi le cas d’expressions assez courantes qui paraissent désuètes quand elles sont traduites par la machine. Exemple : hommes d’affaires, pour business men (ne se dit plus vraiment).

Des apostrophes courbes et droites

La machine va peut-être utiliser des apostrophes courbes, alors que le client en a décidé autrement, ou pire, va mélanger les apostrophes courbes et droites au fil de la traduction. En principe, un traducteur humain assure la cohérence de la ponctuation.

Les problèmes de casse

La machine a encore du mal à gérer les textes écrits en majuscules/minuscules. Alors si vous voyez apparaître dans la source un segment écrit en majuscules et qu’il apparaît en minuscules dans la cible, méfiez-vous.

L’incohérence terminologique

Si dans un texte, le même terme ou la même suite de termes, expression, etc. sont traduits de façon différente au fil du texte, il y a fort à parier que ce n’est pas un humain qui est derrière ce travail. Ces traductions sont peut-être correctes, mais leur incohérence est suspecte.

Problèmes de traitement des URLs, balises, ou de l’UI

En général, la machine ne va pas savoir comment traiter correctement les éléments techniques, tels que les URL, les balises (et leur ordre), ou bien la localisation des noms d’option (UI). Encore des signes évocateurs d’une possible traduction automatique plutôt qu’une traduction ou post-édition ordinaire.

Repérer une post-édition d’une traduction : conseils bonus

Si vous avez des doutes concernant cette demande de relecture, et si vous pensez qu’on vous demande une post-édition payée au tarif relecture, voici d’autres signes qui pourraient confirmer vos doutes :

  • Vous travaillez souvent avec cette même agence de traduction, mais vous n’avez jamais reçu la moindre commande émanant de ce client. Ou bien, il s’agit d’une commande d’un nouveau client.
  • On n’exige de vous aucun feedback, alors que d’habitude, on vous demande toujours de rendre un petit rapport sur la qualité de la traduction.
  • Vous copiez / collez des passages du texte dans un moteur de traduction automatique comme Deepl, et vous vous apercevez qu’il s’agit du même résultat.

Comment réagir face à ce genre de déconvenue ?

Ce type de mésaventure est délicat, vous devez vous demander si cela vaut le coup d’en parler. S’il s’agit d’un petit projet, peut-être qu’il vaut mieux laisser tomber. Mais si vous en avez pour un moment, alors il serait peut-être judicieux d’en parler. Avant de travailler, faites part de vos préoccupations. Si vous avez des doutes, vous pouvez demander au chef de projet ce qu’il en est, mais faites très attention car si vous vous trompez vous risquez gros… argumentez votre position avec des exemples précis et flagrants. Et n’accusez personne, faites simplement part de votre étonnement. En principe, si vous avez raison, vous obtiendrez peut-être gain de cause, par le biais d’un surplus horaire au vu de la charge de travail supplémentaire. Après tout, vous pourriez très bien passer après un traducteur qui n’a pas très bien fait son travail. Et vous, ça vous est déjà arrivé ?

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À propos de l'auteur

Hello, je m'appelle Maéva, je suis traductrice freelance depuis 2010. Dans la vie, j'aime écrire, lire, travailler le piano et donner des conseils.

Commentaires

  1. Alors oui ça m’est déjà arrivé et au moment de donner mon retour, je constate que ce n’est pas demandé. Effectivement, c’était un petit travail, qui semblait plus être un dépannage en urgence qu’autre chose, donc ça peut arriver. J’avais signalé que c’était tellement mauvais que ça voulait bien dire que j’avais remarqué qu’il ne s’agissait pas d’une traduction humaine (ou d’un job postédité par un humain).

    1. Merci pour ton commentaire, Romain ! Oui, si c’est vraiment illisible alors c’est qu’il y a un problème. Dans ce cas, je renvoie directement au PM. J’attends son retour avant de commencer le travail.

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